Ce conte tire son origine d’un fait réel survenu en 1831, alors que la région, encore sauvage, voyait les premiers efforts de colonisation et de développement. L’histoire relate le destin funeste de Frédéric Fournier, un jeune arpenteur de 22 ans venu de Saint-Jean-Port-Joli pour surveiller la construction du chemin Kempt. Ce qui devait être un simple voyage d’exploration s'est rapidement transformé en drame. En tentant de traverser la rivière Matapédia sur un radeau, Fournier et ses compagnons furent pris dans les rapides, près du « Ruisseau sauvage ». Si trois d’entre eux ont réussi à s’échapper de justesse, le jeune arpenteur, lui, fut emporté par les flots. C’était le 6 juin 1831.

Retrouvé quelques mois plus tard par des Autochtones, son corps repose aujourd’hui près d’une montagne entre Amqui et Lac-au-Saumon, qui, selon la légende, refusa de le laisser partir. La légende raconte que la famille du défunt s’était rendue dans La Matapédia pour rapatrier sa dépouille à Saint-Jean-Port-Joli. Que ce soit à cheval ou en canot, toutes les tentatives d’embarcation échouèrent mystérieusement. On raconte que l’esprit du jeune homme aurait été adopté par la montagne qui ne voulait plus se séparer de lui. Il aurait d’ailleurs été enterré au pied de cette même montagne, la Montagne à Fournier.

Sources :

Légendes de la Gaspésie et des Îles de la Madeleine, Jean-Claude Dupont (1995)

Joseph-Désiré Michaud Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia.