Sayabec propose un concept de résidence « abordable » pour aînés

SAYABEC

©Photo Gracieuseté – Hugues Berger photographie

Après la construction de La Seigneurie, une résidence pour aînés autonomes, la municipalité de Sayabec prévoit maintenant d’implanter un modèle d’hébergement innovant destiné aux personnes âgées en perte d’autonomie.

La Municipalité de Sayabec est en bonne voie de concrétiser un projet de résidence « innovante » pour aînés (RIA), un modèle d’hébergement qui se distingue principalement par l’accessibilité des coûts du loyer et des services.

Un comité de pilotage, composé de citoyens de Sayabec, de partenaires régionaux et d’une chercheuse, propose un nouveau modèle résidentiel pour les personnes aînées de La Matapédia. « C’est un modèle unique, on parle de 42 places pour personnes aînées en perte d’autonomie. Ce qui rend le modèle innovant, c’est que peu importe ton niveau de richesse, la structure financière et opérationnelle permettrait d’accueillir des personnes qui vivent sous le seuil de la pauvreté. On tiendrait compte de la réalité financière de chaque résident », explique le maire de Sayabec, Marcel Belzile, en précisant que la demande est grande dans l’Ouest de La Matapédia.

Avec la fermeture de plusieurs foyers et résidences à Sayabec et les environs, le secteur Ouest de La Matapédia aurait perdu plus de 60 places pour loger des personnes ainées durant les dernières années. « C’est un projet qui me tient à cœur, parce que c’est un besoin dans le milieu. Je suis carrément tanné de voir nos personnes aînées partir », déclare le maire de la municipalité. D’ailleurs, une étude réalisée par le comité de pilotage indique que près de 1 610 Matapédiens de 65 ans et plus vivent avec un faible revenu fondé sur la mesure de faible revenu après impôt (2021), ce qui représente 36,5% des personnes de 65 ans et plus. Ces personnes ont peu d'options disponibles lorsqu'elles doivent quitter leur domicile pour assurer leur sécurité en contexte de perte d'autonomie.

Le comité de pilotage s’est réuni à une vingtaine de reprise depuis la création du projet. Siégeant sur le comité fondateur, le maire Belzile mentionne que le dossier évolue bien et que le montage financier est déjà bâti. « Les budgets de réalisation et d'exploitation ont été initiés en mars 2023, avec plusieurs scénarios examinés selon les discussions et les possibilités de financement », peut-on lire dans un communiqué. « Nous sommes en train de regarder avec la SHQ [Société d’habitation du Québec] pour entrer dans le cadre d’un programme. […] C’est un projet qu’on veut reconduire ailleurs », laisse entendre Marcel Belzile. D’Ailleurs, la municipalité de Dégelis souhaiterait réaliser un modèle d’habitation similaire à la future RIA de Sayabec. Les deux municipalités ont décidé d’unir leurs forces dans les représentations auprès des instances supérieures.

Les coûts de construction de la future résidence innovante pour aînés de Sayabec se situeraient entre 10 et 20 millions de dollars, selon Marcel Belzile. Le maire a bon espoir que la construction pourrait débuter en 2025. Des discussions sur l’emplacement futur de la résidence sont toujours en cours. « Le choix d’emplacement n’est pas déterminé », indique-t-il. À l’instar du lieu, le nom de la résidence n’est pas coulé dans le béton. Trois options sont toutefois ressorties à la table du comité, soit le « Manoir Sérénité », « Les Maisonnées des Sages » et « le Manoir du Lac Matapédia ».

Si certains internautes se montrent réticents face à l’implantation d’un projet aussi majeur dans la municipalité, l’homme à la barre de Sayabec rappelle qu’il s’agit d’une initiative essentielle pour le bien-être et la rétention communautaire. « Lorsqu’on perd des aînés, cela affecte tout le monde. On perd des travailleurs également, cela a un impact sur notre économie. Il faut garder notre monde dans notre milieu, il faut les aimer assez pour être capable de voir cet investissement comme quelque chose d’essentiel, qui fait partie de notre réalité », exprime le maire de Sayabec. Notons que ce projet s’inscrit dans la démarche de la « recherche-action Bien vieillir chez soi » du Collectif régional de développement (CRD) du Bas-Saint-Laurent, qui vise à favoriser la rétention des aînés dans leur communauté jusqu’en fin de vie.

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