Après avoir effectué un exercice de recensement de conteneurs et remorques en 2023, la MRC de La Matapédia a répertorié 266 véhicules désaffectés sur son territoire, incluant les territoires non organisés (TNO), à l’exception des municipalités de Causapscal et de Saint-Alexandre-des-Lacs qui ne figurent pas au tableau de données. Parmi les 266 conteneurs et remorques recensés l’an dernier, la majorité de ces véhicules désaffectés se situaient à Amqui (100), suivie de près par la municipalité de Sayabec (67) et Saint-Moïse qui en possédait 19 en 2023.

Dans un document explicatif, la MRC souligne que l’omniprésence des véhicules désaffectés constitue une nuisance visuelle en plus de représenter un frein à l’attractivité du territoire et la valeur foncière des propriétés. Un projet de règlement visant à modifier le schéma d’aménagement a alors été adopté, lors d’une séance du conseil des maires de la MRC, le 14 février dernier. Le projet vient donc interdire l’utilisation de wagons et remorques comme bâtiment principal ou accessoire sur l’ensemble du territoire. Les conteneurs transformés en entrepôt seront interdits partout sur le territoire, mais autorisés dans certaines zones industrielles contraignantes. Ces derniers pourraient être autorisés si leur utilisation est de nature éducative, culturelle ou immobilière, selon certaines conditions. Ce règlement oblige également les propriétaires de véhicules désaffectés à posséder un maximum de deux conteneurs et à les dissimuler afin qu’ils soient imperceptibles de la rue.

La communauté entrepreneuriale réagit

Avec les nouvelles mesures restrictives adoptées par la MRC, plusieurs entreprises de la région se demandent comment elles pourront absorber les dépenses occasionnées par ce règlement. « On parle d’impacts financiers extrêmement importants. Le prix pour construire un entrepôt correspondant aux dimensions d’un conteneur doit avoisiner les 50 000$. Si on applique l’exercice à l’ensemble des entreprises de la région, on parle d’une proposition de règlement qui coûtera plusieurs millions aux PME de la MRC. L’impact économique ne s’arrête pas seulement au montant pour la construction d’un entrepôt. Un conteneur est souvent un outil de développement pour une entreprise en expansion qui se retrouve avec des besoins temporaires ou qui n’a pas encore les moyens financiers pour une installation permanente », laisse entendre Benoit Marin, co-propriétaire d’une PME matapédienne.

Il déplore le fait de ne pas avoir été consulté en amont. « Je n’ai pas l’impression que la MRC tient compte de la réalité des entrepreneurs avec sa proposition de règlement actuelle. C’est comme si on avait complètement été écartés de la discussion », exprime l’entrepreneur en demandant des mesures moins drastiques aux élus. Ce dernier invite la population à démontrer son soutien envers les entrepreneurs en transmettant des propositions de modification au règlement à la MRC. Les municipalités, citoyens et organisations ont d’ailleurs jusqu’au 11 avril 2024, 16 h, pour soumettre un avis écrit. « J’espère que la MRC tiendra compte des commentaires apportés par les entreprises du coin et qu’ils feront en sorte que le nouveau règlement sera collé à notre réalité », conclut le Matapédien.

Devant la grogne des entrepreneurs, la MRC a tenu une rencontre de consultation publique qui a réuni une centaine de personnes, le 14 mars dernier. « Nous avons entendu les préoccupations du public à l’égard du projet de règlement et nous souhaitons assurer aux Matapédiennes et Matapédiens que leur avis sera pris en compte », a déclaré la préfète de la MRC, Chantale Lavoie, dans un communiqué. Elle a tenu à rappeler que le règlement est un projet et que les réflexions et discussions continueront dans les prochaines semaines par l’entremise de la commission d’aménagement et du conseil de la MRC.