Vers une fusion de Gaspé et de Bonaventure

QUÉBEC

©Image Commission de la représentation électorale du Québec

Une seule et grande « méga » circonscription est ainsi proposée qui s’étendrait de Grande-Vallée jusqu’à L’Ascension-de-Patapédia, deux municipalités séparées par 450 kilomètres l’une de l’autre et dont la route est parsemée de plus d’une trentaine de villages.

Une autre suppression de circonscription est proposée en Gaspésie; cette fois sur la scène provinciale.

La Commission de la représentation électorale du Québec suggère de faire fusionner Gaspé et Bonaventure pour mieux refléter la population électorale dans l’ensemble de la province. Une seule et grande « méga » circonscription est ainsi proposée qui s’étendrait de Grande-Vallée jusqu’à L’Ascension-de-Patapédia, deux municipalités séparées par 450 kilomètres l’une de l’autre et dont la route est parsemée de plus d’une trentaine de villages. Toute la MRC de la Haute-Gaspésie - actuellement comprise dans Gaspé - basculerait dans Matane-Matapédia.

Les circonscriptions de Bonaventure et de Gaspé ont une population électorale avec des écarts par rapport à la moyenne de -29,2 % et de -40,6 %, au-delà de l’écart de ±25 % recherché. Gaspé se classe d’ailleurs au troisième rang des circonscriptions les moins populeuses de la province, derrière les Îles-de-la-Madeleine et Ungava, dont l’écart par rapport à la moyenne est de -78 % et de -41,5 %.

Celles-ci ont cependant un statut d’exception (définie dans la Loi électorale dans le cas des Îles-de-la-Madeleine), tout comme quatre autres dans la province, « compte tenu de leurs particularités et de leur étendue [qui] ne permet pas d’assurer la représentation effective des électrices et des électeurs ».

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À noter qu’aucune modification n’a été apportée à la délimitation des circonscriptions électorales des régions du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine lors de l’établissement de la carte électorale de 2017.

La Commission de la représentation électorale avait alors renouvelé le statut d’exception de la circonscription de Gaspé et accordé le même statut à la circonscription de Bonaventure. « Toutefois, puisque les inégalités de représentation de ces circonscriptions s’accentuent, la Commission ne souhaite pas renouveler ce statut », peut-on lire dans le rapport préliminaire de la Commission.

Un non-sens

Le maire de Gaspé et préfet de La Côte-de-Gaspé est loin d’être chaud à l’idée de perdre une circonscription provinciale. Euphémisme pour dire que la situation se répète et qu’il dénonce vivement cette dilution des voix dans la région.

« C’est un pays en soi. Avoir un seul et unique député pour faire la job que trois députés faisaient il n’y a pas si longtemps, c’est un non-sens, plaide avec véhémence Daniel Côté. Ils prennent la moyenne québécoise et l’appliquent à tout le monde. Wait a minute. Il y a pas mal plus de job à faire pour un député dans une circonscription comme Gaspé ou Bonaventure que pour un député qui a quatre coins de rue à Montréal. Tenons compte de la réalité terrain et la démocratie va mieux s’en porter. »

Le maire et préfet reprendra son bâton de pèlerin si d’aventures les consultations publiques s’aventureront dans la région, mais il déplore que des acquis soient une fois de plus attaqués et qu’une fois de plus, du temps et de l’énergie devront être investis plutôt que pour faire avancer des projets de développement. La Commission tiendra des audiences publiques dans certaines régions du Québec du 10 octobre au 15 novembre.

« Il faut toujours se battre. Il y a plein de dossiers sur lesquels on pourrait militer plutôt que faire des consultations sur des territoires déjà trop grands. On devrait même plaider pour des circonscriptions plus petites pour montrer à quel point c’est ridicule comme proposition. »

©Archives

Daniel Côté, maire de Gaspé.

La proposition crée par ailleurs deux nouvelles circonscriptions nommée Bellefeuille dans Laurentides-Lanaudière et Marie-Lacoste-Gérin-Lajoie dans l’Estrie–Centre-du-Québec. La nouvelle tombe quelques mois après la décision de la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour le Québec, qui elle a choisi de supprimer Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia pour répartir les municipalités la composant de part et d’autre à l’ouest et à l’est. La Gaspésie perdait au final l’une de ses deux seules circonscriptions au fédéral.

Stéphane Sainte-Croix, député de Gaspé.

Statu quo pour le député

Pour sa part, Stéphane Sainte-Croix, actuellement député de Gaspé pour la CAQ, dit prendre acte de la proposition et analysera l’ensemble du rapport préliminaire de 173 pages de la Commission déposée aujourd’hui à l’Assemblée nationale. Pour l’instant, il reconnait toutefois que les défis seraient considérables selon la carte proposée actuellement.

« Un peu surpris évidemment de cette possible fusion des deux comtés. On ne reçoit pas ça avec le sourire aux lèvres. Ceci dit, on va prendre le temps de se mettre le nez dans le rapport et d’avoir une lecture attentive de tout ça, pour ensuite participer au processus de consultation et faire valoir les arguments qui vont à l’encontre de cette proposition, qui ne m’apparait pas la plus susceptible de nous réjouir pour la représentativité de nos citoyens et citoyennes. »

Si la Commission avait en 2017 renouvelé le statut d’exception de la circonscription de Gaspé et de Bonaventure, cette option pourrait être défendue lors des audiences publiques. « La réalité de notre région avec ses différentes composantes, ça m’apparait difficilement conciliable pour le travail terrain d’un député. Ça m’apparait un défi colossal. À priori le statu quo apparait comme une solution possible. C’est un scénario qu’on va mettre sur la table lors du processus de consultation », conclut Stéphane Sainte-Croix.

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